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ptite rapporteuse
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9 février 2007

Christian Chesnot: un journaliste infiltré dans le monde arabe

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Le collège international de Cannes est en ébullition. Normal, c’est Christian Chesnot qui est à l’affiche de la conférence professionnelle de ce vendredi après-midi. Vedette du journalisme malgré lui. Victime, le 20 août 2004, d’un « rapt d’opportunité » avec Georges Malbrunot, son confrère d’écriture et de détention. Drôle de situation que celle de ces otages, terrés, isolés, dans une cave irakienne et dont les portraits ont orné quatre mois durant quelques grands monuments parisiens en guise de soutien.

Son col de chemise dépasse d’un pull marine d’écolier de 39 ans et diplômé du CFJ. Christian Chesnot est presque invisible sous ses allures de chrétien de gauche. On savait que des deux c’était Georges Malbrunot qui avait la verve, mais là, c’est tout le mythe du reporter de guerre baroudeur qui s’effondre: « Je n’ai pas l’impression d’avoir été un correspondant de guerre classique, je ne portais pas de casque, je ne me déplaçais pas en voiture blindée. Je ne suis pas une tête brûlée. » Christian Chesnot, c’est tout l’inverse de l’envoyé spécial qui débarque. Lui, il étudie le terrain sur la durée, il se fond dans la masse : « Mon histoire est l’aboutissement de quinze années d’investissement sur cette région, quatre livres publiés », rapporte-t-il dans une interview livrée à La Croix. Il couvre l’Intifada en 2000, l’actualité syrienne, libanaise, irakienne mais depuis Amman. « J’ai hésité à m’installer à Beyrouth mais la capitale jordanienne était la meilleure solution car elle est au cœur de tout et il n’y avait pas de journaliste français là-bas à cette époque ».

Pigiste heureux et spécialiste du Moyen-Orient

Christian Chesnot travaille alors pour RFI, La tribune de Genève, le réseau Radio France mais il fait aussi du magazine, de la télévision. Christian Chesnot est alors un pigiste heureux : « J’ai beaucoup voyagé. C’est vrai qu’on est payé au papier mais l’actualité était porteuse. Et puis il y a beaucoup de souplesse, c’est gratifiant d’être à ce point indépendant ». Un seul conseil qu'il donne aux futurs journalistes en mal de dépaysement: « Eviter, si on aime le Moyen-Orient, les villes comme Jérusalem ou Beyrouth où il y a trop de monde. Il faut aller sur des terres vierges pour faire son trou ». Fort de son statut d’expert, il est bombardé de questions : Les Etats-Unis ont-ils bien fait d’envahir l’Irak, comment éviter les pièges du parti-pris quand on est journaliste à Jérusalem, comment la presse américaine couvre-t-elle la guerre…Il faut assumer les questions généralistes, esquiver les attaques anthropologiques de Gérald Thupinier. Et laisser des étudiants perplexes : « J’ai dit à la résistance irakienne, [leurs gêoliers] qu’on les comprenait, qu’on avait connu l’occupation nous aussi en France ». Dérapage contrôlé ? Comparer les Résistants de la Seconde guerre mondiale aux groupes armés qui organisent des attentats contre la population irakienne tous les jours…c’est osé.

Quatre mois dans une cave irakienne

« Je suis un survivant, un rescapé, un miraculé. Quand on revient, on essaie de positiver ». Christian Chesnot n'est pas loquace sur ses quatre mois de captivité. On est dans l'intime. Il revient malgré tout sur l'angoisse, sur ses « bonnes » conditions de détention: « on n'a subi aucune violence physique. On nous a nourri, on se lavait ». Leur atout : leur nationalité française et leur pratique courante de l’arabe : « on pouvait sentir leur état d’esprit et puis on savait qu’il y avait des négociations ». Et d'ajouter: « La mobilisation folle qui a eu lieu en France a empêché notre exécution ». Deux ans plus tard, le temps des remerciements aux confrères, aux anonymes est presque terminé. Cette « impression de ne plus s’appartenir » dissipée. « On leur doit quelque chose, c’est un devoir moral. » Christian Chesnot s’est posé. Il laisse toujours sa seconde nature orientale s’exprimer mais depuis les studios parisiens de France Inter où il est titulaire au service étranger. « Il aurait été indécent après leur soutien de ne pas accepter leur offre pour aller travailler au Monde ». Il a désormais passé le relais à Nicolas Hénin, lui aussi basé à Amman. On lui souhaite une carrière aussi enrichissante que celle de Christian Chesnot. Peut-être une prise d’otage en moins.

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