Petit aurevoir à l'IUT
Vous me prenez au dépourvu, là, madame Guyon. Dire aurevoir à l'IUT. J'essayais justement de ne pas y penser. Mais rien à faire. Entre Yacub et Gauthier qui nous réclament l'argent du bal de promo deux semaines avant, notre stage qui va tronquer notre année universitaire, et vous, qui nous obligez à mettre en mot le bilan de ces deux années passées entre le Morisson, le bord de mer et la salle informatique de l'IUT. Mon calendrier interne s'y perd. Et puis, j'ai pas envie de tout dire, moi, de tout dévoiler. J'ai une image à tenir tout de même. Je passe pour la nana, la plus vieille, un peu en retrait, heureuse à chaque début de vacances de faire un « Good bye » général. Alors vous pensez, là, ce sera « Good bye and good luck ». Enfin, j'espère. J'ai pas envie de pleurer. C'est pas parce qu'ils me font tous beaucoup rire, qu'on a fondé une micro famillle de vingt quatre personnes, qu'on s'est vu bourré, décoiffé, transpirant, qu'on a essuyé avec ou sans succès des réunions interminables dans le bureau d'Aras que je vais m'effondrer. La petite Tiphaine, « ma » petite Tiphaine, Christine avec qui je fantasme les footing et avec qui je déguste des barres chocolatées, Mélanie, ma collocataire attitrée dans le TER Marseille-Nice, Baba, mes troisièmes et quatrièmes mains sur Résonances, mon Jéjé chamollow et sépharade, les filles de l'internat, toujours entre dispute et réconciliation. Je voudrais avoir un mot pour chacun.[Pour les profs aussi, Soutrelle, Thupinier, Lamasse...] Bande de petits trublions. Une boutade, une remontrance infondée, une blagounette. Histoire de se quitter sur une bonne partie de rire communicatif. J'ai du mal. Je sais ce que j'ai fait pendant ces deux ans, je ne sais pas ce que je vais faire après. Je suis un peu émue en fait. J'ai peut-être pas envie de vous dire aurevoir. Au fond, je vous aime bien quand même.