Bayrou en meeting à Nice : un discours dans la continuité

Il faut être un convaincu pour aller voir Bayrou se présenter face aux Niçois. Il faut affronter les bouchons interminables, ne pas se tromper de sortie : suivre l’Acropolis mène directement aux palais NikaÏa, il faut après une agréable surprise déflorer son porte-monnaie de quatre euros pour la place de parking obligatoire et accepter d’attendre le candidat Udf pendant une petite heure. Mais après ces épreuves, quoi de plus réjouissant que de surveiller l’apparition du candidat du «rassemblement ».

On sait qu’il va prendre un bain de foule et commencer par le haut, alors les regards perdus cherchent l’homme providentiel qui se veut au-dessus des partis. Le voilà qui dévale la salle sous une musique du tonnerre, les supporters sont en liesse, les jeunes sont venus en nombre soutenir leur candidat, les mamies tapent des mains, elles se trémoussent pour leur rock-star béarnais. Ce François, il les rend dingue. Corinne Lepage (Cap 21) fraîchement ralliée au candidat du centre pour des raisons qu’on ne connaît pas (manque de parrainage à son parti écologiste ou réel engouement pour François Bayrou…), inaugure la soirée. Elle est fière d’être là, tout comme Rudy Salles, député Udf des Alpes-maritimes, tout guilleret d’amener son poulain au palais Nikaia. Rien n’est trop beau ni trop grand pour Bayrou. Ce soir c’est la salle de Rudy et de François. Et avec un peu de chance, ce meeting pourrait avoir des airs de prémonition puisque quelque cours d’étymologie grec plus tard, on apprend que Nikaia est la traduction de Nice qui vient de Niké, qui signifie victoire. Et oui, la boucle est bouclée. François va tous les n….

Aucune fausse note à son programme

Côté discours, rien de très neuf derrière le pupitre. Bayrou prend la peine en préambule de se marginaliser politiquement parlant, mais juste ce qu’il faut sans une victimisation lepinisante. François Bayrou le vilain petit canard centriste devenu la terreur des grands partis de droite et de gauche tacle l’alternance démocratique qu’il juge stérile depuis ces 25 dernières années. Il défend la proportionnelle, entend combattre l’absentéisme des députés, il veut rendre sa légitimité au Parlement éponger la dette publique de 1200 milliards d’euros en trois ans et regonfler le moral des profs et des élèves. « Rétablir à l’école le calme et l’excellence » et « former les lycées à devenir des étudiants ». Bayrou est un fédérateur qui « refuse de plonger les Français dans la détestation réciproque » . Il veut lutter contre les discriminations car « les discriminations , c’est pas la République ». Il sait mettre de l’ambiance « Avec les politiques, c’est inutile de mettre le son à la télé, il suffit de voir l’image, s’il est pouvoir, il dira que tout est formidable, s’il est dans l’opposition, il dira que tout est nul ». Rien qu’on ne savait déjà. Ce soir, à Nice, Bayrou proposait un autre régime politique pour la France, qu’il chapeauterait, une philosophie politique, généraliste, théorique…peu pragmatique. Mais Bayrou, on ne peut pas lui enlever sa fraîcheur, son côté très spontané, un poil naïf mais très alerte et lucide concernant les réalités de l’exercice politique : « Je vous demande de ne pas me croire sur parole, surtout pas un candidat à la présidentielle ».

Johanna Nezri